Des femmes inspirantes

Des femmes stériles devenues fécondes

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Des femmes inspirantes

30 mars 2022

Crédit photo : Becca Tapert / Unsplash

Après la belle histoire de fidélité de Ruth, nous allons prendre connaissance de femmes qui ont connu les souffrances de la stérilité.

 

Il faut savoir qu’en Israël, à l’époque de l’Ancien Testament, on associait bénédiction de Dieu avec prospérité, santé et bonheur. La postérité faisait aussi partie des richesses d’une famille et des dons de Yahvé aux personnes qui lui étaient fidèles. Les femmes stériles se sentaient donc inutiles, rejetées, humiliées et même coupables quand elles ne pouvaient assurer une descendance à la famille qui n’était pas, dans ce cas, considérée comme étant dans les bonnes grâces de Yahvé.

Par ailleurs, la fécondité des femmes étant vitale, des subterfuges légalisés permettaient d’assurer une descendance aux hommes en faisant appel aux servantes. Le droit mésopotamien permettait cette pratique et souvent la servante concevait sur les genoux ou entre les bras de l’épouse légitime.

 

Sara

 

Yahvé avait conclu une alliance avec Abraham en promettant à sa postérité le pays qui va du fleuve d’Égypte jusqu’à l’Euphrate. Dans ce contexte, Sara, déjà vieille, ne peut pas assurer une descendance à Abraham et envoie donc son mari vers la servante Agar. De cette union naît Ismaël qui sera considéré comme l’ancêtre du peuple arabe. Mais Yahvé revient à la charge et rappela à Abraham que c’était bien de Sara que lui naîtrait celui qui allait assurer la suite des générations à Abraham.

À la nouvelle, Sara se mit à rire en elle-même, se disant que la chose était impossible. Or, de fait, elle enfanta un fils, Isaac, qui sera l’ancêtre du peuple d’Israël. En voyant grandir son fils auprès d’Ismaël, cependant, elle eut peur que celui-ci ne tente d’écarter Isaac de son héritage, et demande à Abraham de chasser Agar. Ce rejet sera plus tard source de conflit entre les deux peuples : Israël et Arabie. On voit que ce récit est formulé à l’avantage du peuple d’Israël.

 

Rachel

 

Rachel était bergère dans la maison de son père Laban et, un jour qu’elle menait son troupeau au puits, elle rencontra Jacob qui l’aida à faire boire ses bêtes. Il l’embrassa et tomba amoureux d’elle. Il était prêt à travailler sept ans pour Laban, père de Rachel, dans l’espoir de l’épouser. Mais il dut d’abord marier Léa, l’aînée, car, dans les familles on ne donnait pas la cadette à marier avant l’aînée. Laban lui dit : «Je te donnerai aussi Rachel contre sept autres années de service.» Jacob finit par épouser sa bien-aimée. Or, celle-ci était stérile, tandis que Léa accoucha de plusieurs fils et d’une fille. Rachel demanda donc à son époux de s’unir à sa servante Bilha, laquelle conçut deux fils.

À son tour, Léa, constatant qu’elle avait fini de procréer, offrit à Jacob sa servante Zilpa, laquelle donna naissance à deux fils. Puis, un jour, «Dieu se souvint de Rachel et rendit son ventre fécond.» Elle accoucha donc d’un fils, Joseph, l’enfant préféré de Jacob, parce que fils de son épouse bien-aimée. Victime de la jalousie de ses frères, il fut vendu par ces derniers à des Madianites, lesquels le conduisirent en Égypte, où celui-ci occupa un poste important et fut d’un grand secours pour son peuple. Des rivalités s’étaient donc installées entre les deux femmes de Jacob, jalousies occasionnées par la nécessité d’être mère afin d’être agréables aux yeux de leur conjoint, en lui assurant une descendance.

 

Les filles de Loth

 

Loth, le neveu d’Abraham, se sépare de son oncle, refusant ainsi de se fondre dans le peuple de la promesse. Loth et ses filles se réfugient dans la montagne, un endroit où il n’y a pas d’hommes. Les filles enivrèrent donc leur père et couchèrent avec lui afin de lui assurer une descendance. Les fruits de ces unions incestueuses sont évidemment les ancêtres de deux peuples honnis : Ammon et Moab.

 

Anne

 

Anne vivait à Rama avec son mari Elqana et sa seconde femme, Pennina, laquelle eut des enfants alors qu’Anne était stérile. Bien que son mari l’aimait plus que Pennina, Anne se sentait humiliée de ne pas avoir d’enfants et de subir les affronts de l’autre femme, laquelle se sentait supérieure, à cause sa fécondité.

Anne se rendit donc au temple du Seigneur et, en pleurs, elle invoqua Dieu, en lui promettant de lui consacrer son enfant. Le prêtre Eli la bénit et, réconfortée, Anne rentra chez elle, s’unit à Elqana et conçut Samuel, lequel grandit au Temple, près du prêtre Éli, selon la promesse qu’Anne avait faite d’offrir son enfant au service du Temple. Par la suite, durant des années, Samuel devint juge d’Israël et assura la paix.

 

Quand on y pense…

 

Les femmes sont plus durement touchées par la stérilité que les hommes qui, eux, bénéficient de débouchés légaux pour perpétuer leur nom. Les récits bibliques mettent l’emphase sur une progéniture mâle qui va perpétuer la lignée des patriarches. Souvent la maternité est désirée pour obtenir la faveur des hommes et donner longue vie à la gloire du nom de ceux-ci. Ces femmes stériles donnent donc naissance à des hommes importants comme Isaac, Joseph, Samuel… On est en plein régime patriarcal !

La situation des femmes a évolué, pourtant, il n’y pas encore un siècle, beaucoup de femmes ont laissé leur emploi afin de veiller à l’éducation des enfants. C’était leur rôle. Je pense à ma mère qui devait voir aux repas, à l’entretien de la maison, aux réceptions de la parenté, au travail sur la ferme, à la confection des vêtements et des courtepointes, au tricot. Comme beaucoup d’autres femmes, elle a dû refaire sa formation pour retourner sur le marché du travail. Beaucoup de femmes ont ainsi dû reprendre des études et se réorienter.

C’est un superbe cadeau que celui d’être mère, mais n’y a-t-il pas d’autres fécondités possibles que celle de la fécondité physique? Heureusement, la question de la maternité a évolué dans nos sociétés modernes. La responsabilité parentale est partagée. Les femmes ne veulent plus n’être appréciées qu’en fonction de leur rôle de mère, mais comme des personnes qui se réalisent dans d’autres rôles au niveau de la société. De là, par exemple, le concert de louanges qui a salué le nombre record de femmes qui, au Québec, ont récemment été élues à la fonction de mairesse. Mais le travail à réaliser est encore énorme, pensons à l’inégalité salariale qui persiste toujours…

Mon arrière-nièce qui a seize ans me disait récemment: «L’important, ce n’est pas d’être un homme ou une femme, mais une personne qui a toutes les possibilités, quel que soit son sexe». N’a-t-elle pas raison?

 

Pour savoir plus :

 

Sara (Gn 16; 17,1-21; 18,1-15; 21,1-12); Rachel et Léa (Gn 29-30); les filles de Loth (Gn 19, 30-38); Anne (1 Sm, 1, 12-16).

 

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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